Vladimir Einzbern
Ilya... Kayla...
Vladmir Einzbern s'éveilla dans un sursaut, comme s'il venait de s'extirper d'un horrible cauchemar.
La première chose qu'il ressentit fut ce sol froid sur lequel il était allongé de tout son long, et sur lequel il devait avoir vraisemblablement "dormi", si on pouvait dire. Il n'avait pas souvenir de s'être endormi ici ni même ailleurs pourtant. Certes, il avait en effet fermé les yeux à un moment, mais... il n'avait pas pensé qu'il pourrait les rouvrir un jour quand il l'avait fait. Alors comment et pourquoi se réveillait-il ?
La Volonté du Sommeil se releva, et s'aperçut alors qu'il faisait nuit noire. Aussi, il n'était plus sûr de reconnaître l'endroit où les Chasseurs avaient attaqué ses deux soeurs chéries, avant son... Décès ? Évanouissement ?
Combien de temps s'était écoulé depuis ?
Vladimir passa une main dans ses cheveux noirs, puis se mit à s'avancer dans une direction au hasard, dans le doute le plus absolu. Il ne parvenait pas à comprendre ce qu'il se passait, il était complètement paumé. Ce n'était pas un rêve pourtant, il le savait, il le sentait au fond de lui que c'était la réalité, mais... c'était tout ce qu'il était en mesure de savoir pour l'instant. Cela lui arrivait parfois de ne pas savoir quel jour il était, comme beaucoup de gens, mais c'était pénible comme jamais cette fois. On était Lundi ? Mardi ? Samedi ? En quel mois on était avant qu'il ne sombre dans le sommeil, déjà ? Ses souvenirs étaient flous et s'enchaînaient de manière incohérente dans sa tête, comme ceux d'un rêve qui s'effaçait le matin.
Il avait toujours réussi à se souvenir de ses songes jusque-là pourtant.
Tout ce dont il se rappelait, c'était l'embuscade des Chasseurs, la blessure qui l'avait condamné, son sacrifice pour repousser les Chasseurs, la création de Berserk qui lui avait coûté toutes ses ultimes ressources énergétiques... et la vision d'Ilya et Kayla qui s'enfuyaient.
Ce n'était pas grave, ça lui reviendrait. Il était juste mal réveillé. Après tout, c'était dur de bien dormir sur le sol, après avoir été...tué par une armée de Chasseurs. Oui ce devait être ça. Il était mort, mais juste momentanément. Expérience pas terrible d'ailleurs.
La Cendre ne tuait donc pas définitivement ? C'était quoi ce délire ? Il était persuadé que sa surcharge de pouvoirs n'aurait jamais été pardonné par son corps, également.
Ne parvenant pas à trouver des réponses valables à ses questions, Vladimir décida d'arrêter de se casser la tête le temps de se sentir mieux, puis se laissa distraire par les songes des personnes qui dormaient paisiblement chez eux, songes qui se faisaient ressentir quand la Volonté du Sommeil passait près des maisons des rêveurs.
C'était reposant, d'éprouver leur apaisement quand ils dormaient, et de se laisser bercer par la trame que leurs esprits inventaient. C'était comme s'ils vous chuchotaient une belle histoire à chaque fois, toujours pleine de poésie.
Toutefois, pour une raison inconnue, Vladimir avait un mal fou à saisir tous les mots de ces histoires ce soir. C'était comme si son pouvoir s'était considérablement affaibli.
Quand il passa près d'une certaine habitation, ce fut toutefois la narration d'un cauchemar en cours qui lui parvint. Le sommeil de la personne qui dormait là-dedans était agité. Aussitôt, la Volonté ressuscitée voulut utiliser son don pour arranger cela, mais malgré ses efforts, il sentit que rien n'avait changé dans l'état du dormeur ou de la dormeuse, pas comme d'habitude.
Il avait perdu la majorité de ses pouvoirs ?! C'était quoi ce bordel ?
Il commença à envisager que sa mort avait du être la cause de ces altérations quand le cauchemar du rêveur -ou peut-être plus la rêveuse vu qu'elle faisait référence à son mari dans son songe-, se mua en rêve tout à fait agréable, rempli de neige et de calme subitement.
Aussi, Vladimir sentit quelque chose se muer dans le songe modifié, avant d'en sortir aussi vite qu'il était venu. Il ne put savoir quoi, mais il pouvait très bien l'imaginer. La neige, c'était comme leur signature maintenant qu'il y pensait.
Elles étaient proches ?
Vladimir se mit à courir comme un dératé aussitôt, dans la direction où était parti "la chose du rêve" plein d'espoir à propos des personnes sur qui il pensait bientôt tomber. C'était trop beau pour être vrai.
Ses soeurs. Il allait les revoir.
Il arriva au niveau d'une ruelle sombre, un peu essoufflé, avant finalement qu'une voix reconnaissable entre mille lui parvienne tout à coup, confirmant tous ses soupçons pour son plus grand bonheur.
« Ah, tu es là! Je t’ai cherchée partout! »Elles étaient là. Elles étaient vivantes. Berserk avait bien veillé sur elles, et elles se s'étaient assez bien débrouillées pour survivre aussi.
Vous êtes trop fortes, les filles.
Vladimir Einzbern s'avança alors dans la ruelle, les lèvres tremblantes.
«-Les filles ? » appela-t-il, hésitant.